Les croix de chemins
Ce n'est qu'après l'Edit de Milan rédigé en 313 après la conversion de Constantin, qui en même temps interdit le supplice de la crucifixion, qu'apparaissent les premiers emblèmes de la croix.
Le premier rôle d'une croix est de christianiser un lieu, d’asseoir la domination d’un culte sur une population donnée. Ainsi il est commun d’utiliser les mêmes ressorts de prosélytisme des siècles passés. De ce fait, et malgré les nombreux conciles ordonnant la destruction de tout les monuments rappelant le paganisme, bon nombre d’édifices furent réutiliser. L’action en était double : réappropriation chrétienne d’un culte païen et prosélytisme modéré mais affirmé d’un nouveau lieu de culte.
Les carrefours ont toujours fait l'objet d'une attention particulière. Il y a, en effet, un symbolisme de la croisée des chemins, et souvent les carrefours provoquent ce que l'on nomme chez nous une appréhension.
La Seine-Maritime comprend une vingtaine de croix de chemin anciennes réparties essentiellement entre la vallée de la Béthune et la vallée d'Yères. Parmi ces croix, on peut distinguer trois typologies de croix anciennes :
Les croix de chemins provenant d’une récupération d’un culte païen. Souvent de facture grossière, elles proviennent souvent de bornes milliaires (Wanchy-Capval), ou de mégalithes (Clais, Longueil). Leur datation se positionnerait au cours du haut moyen-âge (VII°-X° siècle). On pourra notamment contempler celles d’Ancourt, de Clais,de Dancourt, d'Eu, de Fresnoy-Folny, de La Crique, de Londinières, d’Ouville-la-Rivière, de Villy-sur-Yères et de Wanchy-Capval.
Les croix de chemins avec les branches pattées se positionnent sur une date postérieure aux croix précédentes. Il ne s’agit pas de la récupération d’un édifice ancien mais la conception entière et pleine d’un monument de prosélytisme chrétien. On pourra notamment contempler celles de Fresnoy-Folny, de Rouxmesnil-Bouteilles, de Saint-Ouen-sous-Bailly ou encore de Wanchy-Capval.
Les croix de chemins avec les branches carrées chanfreinées sont, quant à elles, du XIII°-XV° siècle. On peut remarquer une forte similitude architecturale malgré les disparités géographiques. On pourra notamment s’attarder sur les croix de Beauval-en-Caux, de Martin-Eglise, Sainte-Agathe d’Aliermont, Saint-Aubin-sur-Scie, Sainte-Foy, Saint-Victor-l’abbaye.