Etymologiquement tiré du latin « calvarium » (racine : calva – crâne sans peau), le calvaire tire son origine de l’araméen « Gulgulta » signifiant lieu du crâne. Durant l’antiquité, le Golgotha était la colline à l’extérieur de Jérusalem où se déroulaient les crucifixions des condamnés. Proche de la ville, ce lieu pouvait permettre notamment aux passants de lire l'inscription indiquant le motif (titulus) de la condamnation tel que Pilate l'avait écrit, écriteau placé sur la croix.
Le calvaire a toujours été associé et donc érigé pour représenter la Passion du Christ. Communément, on attribue donc au calvaire la présence, dans une enceinte close ou partiellement close, d’une croix, de la vierge Marie ou de personnages ayant assisté à la crucifixion. Il faut cependant clairement différencier les calvaires présents sur le territoire communal de ceux prenant place au sein des lieux de sépultures.
Ces derniers sont en lien direct avec le lieu de culte. Autant, l’église représente la dévotion du sujets envers Dieu afin d’assurer leur salut que le cimetière représente l’attente des défunts face au jugement dernier. Sacralisée par son autel, ses cryptes et ses gisants, l’église assure à elle toute seule une emprise omniprésente sur la population. Afin de la maintenir en dehors, le cimetière doit se situer à proximité du lieu de culte et lui aussi doit être sacralisé. Il était donc nécessaire d’édifier des monuments religieux particuliers. Aux chapelles du XVIIème siècle, et face à la perte du symbolisme du cimetière, on a généralisé l’implantation des croix qui rappellent aux sujets la souffrance et la mort inéluctable. L’implantation d’un calvaire dans un cimetière se répand dans la deuxième moitié du XIXème siècle.
Les calvaires présents sur le territoire communal sont, pour la période antérieur à la Révolution, liés à la reconquête des espaces ruraux suite aux guerres de religions du XVI° - XVII° siècle. Ils permettent de redonner une image sacrée et d’implorer une protection divine aux populations avoisinantes. La période postrévolutionnaire est l’occasion pour le pouvoir religieux notamment au cours de la deuxième moitié du XIX° siècle de réaffirmer par le biais de missions son emprise sur les sujets. La construction de calvaire s’inscrit donc dans cette politique de réaffirmer son implantation sur le territoire communale suite à la destruction massive des biens et symboles durant les saccages de la fin du XVIII° siècle. De plus au cours du siècle passé, on a pu assister à des implantations souvent individuelles liées à une démarche personnelle d’une famille, d’un village ou d’une communauté suite à des faits de guerre, des guérisons ou à une réaffirmation de leur croyance. Ces calvaires sont quasi généralement implantés à la croisée de chemin. Cette disposition est totalement symbolique et permet l’arrêt du passant et l’interrogation qui s’en suit face à cette élévation religieuse.
Consécration du symbolisme religieux du calvaire, son orientation. Tous les calvaires reprennent une implantation est/ouest. La tradition chrétienne positionne la Croix du supplice hors des murs de Jérusalem devant le rempart d’Ezéchias tournant le dos aux remparts soit face à l’occident.
Le calvaire se doit en priorité de représenter le Christ sur la croix souffrant la Passion. L’occident est donc la frontière symbolique d'où s'étend le monde des ténèbres. De même, certains calvaires sont venus en lieu et place d’anciennes édifices religieux et reprenaient donc l’axe d’implantation soit orienté est/ouest.
Depuis le début du XX° siècle, il a été commun de voir s’ériger des croix face à l’est. La symbolique était alors de construire des calvaires face à l’orient, lieu du soleil renaissant, de l’espoir.